Imaginez un instant que vous puissiez continuer à contribuer au bien-être de l’humanité, même après avoir quitté ce bas monde. C’est possible avec le don du corps, ce geste généreux qui permet de propulser la recherche médicale et de donner aux futurs docs une occasion inestimable d’aiguiser leurs compétences. Mais, comme le vin de Bourgogne, il faut savoir apprécier la fine saveur des détails avant de s’engager. Dans les lignes qui suivent, on va te dévoiler les coulisses du don de corps à la science : les petites lignes du contrat, les formalités à la loupe, et pourquoi certains corps sont mis sur la touche par les instituts.
Alors, où situer le don du corps par rapport au don d’organes, me demandes-tu ? Eh bien, ils dansent la même valse, mais pas tout à fait au même tempo.
Le don d’organes, c’est l’extraction des organes ou des tissus d’un individu dont le cerveau a tiré sa révérence, mais dont le corps est maintenu en vie grâce à une panoplie de machines et de drogues dures. En gros, c’est un coma profond qui fait suite, par exemple, à une attaque cardiaque fatale. Le processus de don d’organes ressemble à un parcours du combattant, avec des étapes bien définies à franchir avant que les organes ou les tissus puissent être transplantés chez un malheureux qui en a un besoin criant.
Le don de corps, de son côté, c’est un bundle deal, à la carte ! Tu donnes ton corps entier après ton décès pour faire avancer la science ou pour former les médecins de demain. Ton corps pourrait loger, tel un Airbnb, dans un institut ou une salle d’anatomie pour 2 à 4 ans après ton trépas.
Devenir donneur d’organes, c’est simple comme bonjour. Fais en sorte que tes voeux figurent dans tes directives anticipées, intègre-les dans ton DEP ou hèle une carte de donneur.
Mais pour le don de corps, il te faudra passer par la case Unité d’anatomie de ton choix et remplir les formulaires qu’elle te tendra.
Et en quoi le don de corps ajoute-t-il du piment à l’enseignement ?
Te souviens-tu de ces cours de bio où tu disséquais des grenouilles pour en comprendre le fonctionnement ? C’est à peu près la même affaire. Le don de corps offre aux étudiants en médecine, surtout en première et deuxième année, et aux futurs spécialistes, une opportunité précieuse pour étudier l’anatomie humaine à vif, au-delà des images figées des livres. Cette immersion leur permet de cercler la complexité du corps humain et de pratiquer les techniques chirurgicales. Le don de corps n’est pas seulement une salle de gym pour la pratique des techniques opératoires courantes, mais il est également la pépinière où germent les nouvelles techniques médicales.Pour accrocher ton nom dans le hall de la science en faisant un don de corps, faut-il braver le moulin bureaucratique ?
Si tu veux léguer ton corps à la science, la première étape se joue de ton vivant. Il faut que tu en exprimes le désir et que tu remplisses les documents nécessaires en déposant directement ta candidature à l’Anatomie. Même si c’est mentionné dans ton testament, ça ne passe pas. Il faut nécessairement prendre contact avec l’institution médicale. Prépare-toi à donner quelques détails croustillants sur ton passé médical et à révéler tes directives médicales anticipées. N’oublie pas que le formulaire du don de corps doit être tamponné du sceau du donneur.
Quand le temps viendra de prendre congé, un médecin officialisera ton départ et établira un certificat de décès, comme pour tout autre décès en Suisse. Ton clan, l’hôpital ou l’EMS contacteront ensuite l’institut de ton choix pour engager le processus de don. D’où l’importance de partager avec eux cette décision pour qu’ils puissent t’honorer en respectant ton choix.
Et lorsque ton corps arrivera à l’institut, il sera muni d’un bouclier anti-décomposition grâce à une technique de conservation spécifique, qui permettra son utilisation pour les travaux de recherche et d’enseignement. Mais est-ce que tous les corps passent le casting de l’Anatomie ?
C’est là que le bât blesse. Même si tu es libre d’exprimer cette volonté, tous les corps ne sont pas retenus pour ce noble service. Tu te demandes pourquoi ? C’est de ça dont on va discuter maintenant.
Il existe des moments où le dernier adieu à la douce bamboche de la vie se perd dans les méandres du sacrifice pour le bien supérieur. Il y a une liste d’options un peu étranges pour un dénouement de ce genre. Vous pouvez refuser l’adieu à votre enveloppe mortelle, si :
Vos papiers de don du corps sont soit absents, soit complétés avec la diligence d’un paresseux un jour de soleil. Ou encore, si votre demeure est quelque part dans un lieu exotique, loin de la charmante Suisse. Et parfois aussi, votre carcasse un peu trop endommagée ou alourdie, embarrasserait les équipes en blanc au-delà du raisonnable. Si votre armure de chair a été un jour un hôte généreux pour des hôtes indésirables comme le VIH, l’hépatite ou la tuberculose, ce serait un rideau pour votre contribution.
Ah, et une plaie ouverte ou une cicatrice chirurgicale encore guérissante pourrait vous évincer d’une place de choix parmi les autres donneurs de corps. Sans oublier d’ailleurs que l’on ne prendra pas la moitié de vous si vous avez déjà donné une partie ailleurs !
Il faut préciser aussi que, dans le monde d’aujourd’hui où la pandémie sévit, de nobles intentions ont fait augmenter le nombre des donneurs, et parfois, les établissements se retrouvent avec les bras chargés. Pour s’éviter l’étrange déception d’un refus d’après la vie, la prévoyance funéraire pourrait être une sage option.
Le don de corps est encadré dans la douce Suisse par quelques lois aussi rigides qu’un bijou de famille dans une boîte de verre. On peut citer en groupe de tête, la Convention pour la protection des Droits de l’Homme et de la dignité de l’être humain en ce qui concerne la biologie et la médecine, et sa sœur, celle du Conseil de l’Europe concernant la transplantation. Ces deux sœurs sont solidement ancrées dans le paysage législatif suisse avec la Constitution fédérale, le Code civil et le Code pénal en renfort.
Quoi ! Vous voulez savoir le coût de ce geste honorifique ? En bonne logique, c’est gratuit ! N’espérez pas par contre avoir une contrepartie financière, tout comme avec le don d’organes. De nombreux instituts prennent en charge les frais qui accompagne l’au revoir ultime. Pour ce qui est des extras tels que la cérémonie ou un avis mortuaire, c’est à la famille de mettre la main à la poche… ou pas.
Et une cérémonie d’obsèques serait-elle possible, vous vous demandez ? Eh bien, oui ! Après que le corps ait joué son rôle pour la science, une crémation peut avoir lieu et les cendres peuvent soit être ramenées à la famille, soit répandre leur charme dans un jardin du souvenir.
À Lausanne, par exemple, l’Unité d’Anatomie de l’Université a une convention chaleureuse avec le Jardin du Souvenir de Bois-de-Vaux pour accueillir les cendres des donateurs éternellement. A Fribourg, c’est le propre mémorial de l’Université qui fait office de dernière demeure.
En effet, se décider pour un don du corps peut être perçu comme un acte de générosité pour délester les familles du côté financier de l’au revoir. Mais attention ! Si l’institut de votre choix est déjà plein à craquer, vous pourriez vous retrouver dans une position bien inconfortable. Mais heureusement, vous pouvez vous tourner vers un autre institut à condition de faire les démarches qui s’imposent.
Pour boucler la boucle du don de corps en Suisse, c’est un acte altruiste sacré qui permet de faire avancer la science et la compréhension humaine. Encore faut-il que les donateurs soient en accord avec leur famille pour éviter les chagrins.En outre, il vaut mieux avoir une discussion préalable avec l’institut médical pour avoir toutes les informations.